Mettre des gens dehors… de dehors ?
Cette semaine encore, à Montréal, des campements où des personnes en situation d’itinérance avaient trouvé refuge ont été démantelés. Ces actions, souvent justifiées par des raisons de sécurité ou de salubrité, soulèvent une question cruciale : où vont ces personnes après?
Détruire des abris de fortune, c’est effacer temporairement le symptôme visible d’un problème beaucoup plus grand : les immenses trous dans notre filet de sécurité sociale. Ce n’est pas les campements qui posent problème, mais bien les failles du système qui laissent des individus sans autre choix que de survivre dehors, même en plein hiver. Ces démantèlements ne sont pas des solutions, mais des déplacements forcés qui ajoutent au stress, à la précarité et à l’insécurité des vies déjà fragilisées.
👉 Pourquoi continuons-nous à agir comme si l’hiver nous prenait toujours par surprise?
Les refuges débordent, les logements accessibles sont inexistants, et pourtant, chaque hiver, nous nous étonnons de voir des humains contraints à la survie dans des conditions inhumaines. Comme le dit si bien Annie Archambault : « Nous mettons des gens dehors de dehors… » en quoi cela fait même un peu de sens?
Il est temps de repenser nos priorités.
Pourquoi les ressources consacrées à ces démantèlements ne sont-elles pas dirigées vers la création de logements sociaux, de refuges sécuritaires ou de programmes d’accompagnement? Pourquoi perpétuer un système qui traite l’itinérance comme une nuisance à éliminer, plutôt que comme une réalité humaine à accompagner avec dignité et respect?
Cesser de stigmatiser. Agir pour le long terme. Reconnaître que chaque personne a droit à un espace sûr pour vivre, se reconstruire et s’épanouir. Montréal peut et doit faire mieux.
**PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE